
L’histoire d’Archun, jeune cambodgien grand brûlé et difforme, condamné à une mort par étouffement.
C’est lors de notre séjour au Cambodge en Février 2017, que nous avons découvert Archun, grâce à la Princesse Veasna NORODOM Sirivudh, présidente de l’association Cambodia 2000, qui a attiré notre attention sur Focochildren, un foyer extrêmement pauvre, créé en 2010 par M. EM Ra et une équipe de volontaires, qui ont réussi à fournir à ces enfants, orphelins ou issus de milieux très défavorisés, logement, nourriture, et un minimum d’éducation…
Outre l’enseignement général qu’on leur donne, ces enfants exercent, selon leurs aptitudes et leur goût, des activités manuelles ou artistiques, comme la couture, le tricot, le jardinage, la peinture, le dessin, la musique, le théâtre d’ombre (puppet show)…

Friends of the Orphan Children Organization (FOCO) is a Non-Government Organization (NGO) that began in 2010 when Mr. Em Ra saw the urgent need to give some of Cambodia’s poorest children a future not dependent on begging.


Pendant que les enfants étaient tous appliqués à reproduire les traits de crayon de leur enseignant du jour, je remar-quai un enfant curieusement positionné devant son pupitre… On m’expliqua alors que cet enfant avait un problème grave, et on souleva devant moi son tee-shirt…
Quel choc ! A ce moment précis j’ai su que si nous étions là ce jour-là et que mes yeux s’étaient posés sur lui, ce n’était pas un hasard, et que le destin de cet enfant nous avait été confié…
Grand brûlé atteint de malformation, menacé de mort par étouffement
Très gravement brûlé dans sa prime enfance, Archun présentait une séquelle empêchant la croissance normale de son corps… L’origine du drame se situe le jour où la mère d’Archun mit des braises sous le lit de l’enfant pour le chauffer… Le lit prit feu, et l’enfant flamba comme une torche… Le voyant mourant (personne ne pouvait imagi-ner qu’il survivrait), sa mère se suicida, pensant avoir tué son enfant… qui, contre toute attente, survécut au drame…
La peau durcie ne pouvait plus s’étendre, et ne pouvait plus accompagner la croissance d’Archun. La colonne vertébrale se pliait donc au fur et a mesure qu’il grandissait. Mais le plus grave était que la colonne, en se déformant, compressait progressivement les poumons, irrémédiablement….
Ne lui laissant que quelques années à vivre, avant de mourir par étouffement, d’une mort lente et douloureuse.




Lorsqu’il reçut mon dossier, il m’appela le jour-même … acceptant le challenge de sauver cet enfant
LE PROJET
Après l’avoir pris en photo sous tous les angles, sous son regard à la fois interrogatif et circonspect (c’était la première fois que quelqu’un s’intéressait à lui), mais dans lequel transparaissait l’amorce d’un espoir, je repartis pour la France, bien décidée à trouver une solution pour opérer un miracle… Mais hélas, les premières réactions du monde médical furent unanimes sur l’impossibilité de sauver cet enfant, sur la trop grande complexité de ce cas hors norme…Une greffe trop étendue sur une peau trop profondément brûlée, pas de support pour ‘accrocher’ une nouvelle peau; une anesthésie trop risquée sur un enfant privé d’une partie de ses capacités respiratoires…
Incapable d’accepter ce verdict qui le condamnait, je décidai de m’adresser au plus grand spécialiste des grands brûlés, le seul qui tente les opérations les plus impensables : le Professeur Mimoun, de l’Hôpital Saint Louis. Si lui aussi reculait devant la difficulté, alors c’est qu’il n’y avait vraiment rien à faire… Lorsqu’il reçut mon dossier, il m’appela le jour-même … acceptant le tenter le challenge de sauver cet enfant ! Il décida qu’il ferait équipe avec un grand spécialiste du rachis pédiatrique : Le professeur Vialle, de l’Hôpital Trousseau, qui fut aussitôt conquis par ce challenge, et se révéla un lead exceptionnel sur ce projet.
Une première collecte de fonds nous permit de faire venir Archun en France pour passer une batterie d’examens médicaux et être examiné par les médecins. Après une étude approfondie, ils décidèrent de tenter cette grande aventure médicale et humaine, qui n’était pas sans risques … 3 actions sur la feuille de route : greffe de peau, étirement de la colonne, puis opération destinée à fixer la colonne sur un axe central métallique. Tout cela étant lourd, douloureux, et présentant inévitablement des risques importants.
Mais pour Archun, c’était l’espoir d’une vie normale, et surtout, c’était l’espoir de VIVRE, tout simplement… ce fol espoir que je voyais germer dans ses yeux
tandis que je photographiais son pauvre corps difforme…
ARTICULATION DU PROJET
Phase 1—Libérer la peau
L’étape 1 consistait en une opération destinée à libérer la peau nécrosée en effectuant une première greffe, en espérant que cela permette de donner assez de souplesse pour entamer l’étape suivante. Une très lourde opération, trois semaines d’hospitalisation.
Phase 2—mise en extension du squelette
L’étape 2, après prise de la greffe et cicatrisation, consistait à forcer le rachis à s’étendre progressivement, grâce à un appareillage complexe, accompagnés d’exercices de rééducation. Deux mois et demi d’étirement, dans un centre spécialisé., pour préparer l’opération de la colonne.
Phase 3—Opération de la colonne
L’étape 3 consistait à redresser puis fixer la colonne sur une tige centrale, afin d’éviter que le corps ne se redéforme. Une lourde opération également…
Mais tout cela avait un coût…
Les professeurs Mimoun et Vialle ont très généreusement offert leur intervention, mais il y avait tout le reste :
- Les frais d’hospitalisation (budget le plus lourd), d’appareillage, de rééducation, les examens divers,
- Les frais de séjour (environ 9 mois), le coût d’une aide familiale franco-khmère qui puisse s’en occuper dans la journée, lui traduire les questions que posent les médecins et leur traduire sa réponse, le rassurer, être près de lui à son réveil d’opération pour lui parler sa langue, le surveiller la nuit …
- Les frais de voyage, passeport, visa, etc…
Un budget très élevé que nous avons mis près d’un an à rassembler…
Une grande chaîne de solidarité s’est alors construite autour d’Archun, à la suite de campagnes de communication, et d’évènements, comme ce merveilleux concert lyrique où la voix vibrante de la soprano Dominique Mézin, accompagnée par l’exceptionnel organiste Stéphane Eliot, fit frissonner un auditoire subjugué…
Sauver Archun mobilisa des centaines de personnes, mais aussi des associations comme la Chaîne de l’Espoir, La Fondation Princesse Grâce, le Sipar, Espoir en Soie, des organismes comme le Lions Club de Nice, et le soutien de compagnies aériennes comme Air France et Bangkok Airlines…
Grâce à tout cet élan de générosité, nous avons pu faire revenir Archun et commencer les opérations….
Les Intervenants

Le Professeur Maurice MIMOUN
- Professeur des universités
- Chef du Service de Chirurgie Plastique, Reconstructrice, Esthétique de l’hôpital Saint-Louis à Paris.
- Chef du Service Chirurgical du Centre des Grands Brûlés de l’hôpital Saint Louis et de l’hôpital Cochin.
- Président de la Société Française d’Etudes et de Traitement des Brûlures (SFETB).
- Membre de la Société Française de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique.
- Coordonnateur inter-Régional du Diplôme d’Etude Spécialisé Complémentaire de Chirurgie Plastique, reconstructrice et esthétique.
- Responsable du Diplôme Inter-universitaire de « Traitement des Brûlures ».
- Membre du Conseil d’Administration de la Fondation humanitaire Children’s Action.
- 2015 : Prix de civisme et solidarité 2015 décerné par le comité français ONG/ONU à l’occasion du 70e anniversaire des Nations Unies.
Le Professeur Mimoun est Chevalier de la Légion d’Honneur. Il est aussi l’auteur de nombreuses publications nationales et internationales

Le Professeur Raphaël VIALLE
- Professeur des universités.
- Chef du Service de chirurgie orthopédique et réparatrice de l’enfant de l’hôpital Armand Trousseau à Paris.
- Principal focus de sa pratique : le diagnostic et le traitement des déformations neuromusculaires du système musculosquelettique, et les traitements chirurgicaux des malformations de la colonne vertébrale et de la poitrine chez les enfants et les adolescents
- Co-fondateur et président du DHU pour les thérapies innovantes des maladies musculo-squelettiques, en partenariat avec l’APHP et l’Université Pierre et Marie Curie.
- Membre des Sociétés Françaises de chirurgie orthopédique et traumatologique, d’orthopédie pédiatrique, et de chirurgie rachidienne.
- Membre de l’International Society for the Study of the Lumbar Spine
- Membre de la Spine Society of Europe, et du Children Spine Study Group.
Le Professeur Vialle a reçu le prix Pierre Queneau (groupe d’étude des scolioses et en 2006 le prix des jeunes chercheurs (Académie Nationale de Chirurgie) Il est aussi auteur et co-auteur de nombreuses publications nationales et internationales
Les Marraines du Projet

Isabelle Hua
Présidente de l’association Objectif Cambodge
L’association œuvre dans plusieurs domaines :
Cancérologie féminine
Principalement la cancérologie du sein : avec l’aide du Docteur Didier BOURGEOIS, de l’Institut du Sein Hartmann, toute la chaine de compétences concernant cette spécialité a pu être mise en place.
- Envoi de matériel spécialisé
- Formation des médecins cambodgiens
- Équipement du laboratoire d’anatomo-pathologie
- Soutien aux candidatures d’étudiants cambodgiens pour des stages en France
- Aide au traitement médical des cas rares
Foyers d’enfants
- Mise en place de structures de développement durable ayant pour but de rendre ces foyers financièrement autonomes et indépendants de l’aide internationale.
- Soutien à la scolarisation
- Envoi d’équipes de jeunes français (étudiants, scouts, …) autour de vrais projets de développement.
- Détection et traitement des cas de détresse particuliers.
Soutien médica

Princesse Norodom Veasna Diva Sirivudh
Présidente de l’association Cambodia 2000
Cambodia 2000 fut créée en 2013, par notre regrettée Princesse NORODOM Vacheara, sœur de feu SAR le roi NORODOM Sihanouk. Après son décès, la Princess NORODOM Veasna devint présidente.
L’association agit dans le domaine éducatif. Principalement dans la province de Siem Reap.
- Soutien à l’orphelinat Focochildren
- Aide à des centres culturels ou d’artisanat (comme par exemple la fabrication des objets en cuir comme souvenirs et pour le théâtre d’ombre « Puppet show »)
- Etude et soutien à de nombreux projets éducatifs dans différents centres, foyers, écoles,…
- Détection des qualités artistiques des enfants afin de les orienter en fonction de leurs aptitudes.
- Entrainement au goût de la lecture chez les jeunes et mise en place de bibliothèques dans différents foyers et écoles.
- L’association favorise également l’apprentissage d’une langue étrangère afin de ne pas ‘enfermer’ les jeunes cambodgiens dans un système linguistique unique.
La princesse NORODOM Veasna est également professeur à l’Université Royale de Phnom Penh.
Les deux premières étapes : Greffe et Traction
La greffe de peau, première opération de la série de traitements prévus, a eu lieu le 26 Juin 2018, réalisée par le professeur Mimoun, venu exceptionnellement opérer à l’hôpital Trousseau (son service se situe à l’hôpital Saint Louis), en étroite collaboration avec l’équipe d’orthopédie dirigée par le professeur Vialle, et l’équipe de chirurgie plastique des grands brûlés de l’hôpital Trousseau.
L’opération s’est bien passée, mais elle a été très lourde : L’intégralité de la peau du dos, du cou, du côté et un peu du ventre a été retirée… et remplacée par la peau de son crâne et de sa cuisse gauche. Une greffe particulièrement étendue… et très douloureuse, rendant les soins post-opératoires particulièrement complexes. Il a ainsi été hospitalisé trois semaines dans le service de réanimation et de soins intensifs…



Il est passé par des moments extrêmement difficiles : douleurs, fièvre, insuffisance respiratoire du fait de ses poumons comprimés, nourriture par une sonde… Chaque jour apportant son lot de complications : agrafes qui sautent en raison de sa peau trop fine, blessures qui se rouvrent… Et la nécessité d’une anesthésie générale chaque matin afin de pouvoir effectuer les soins de la zone de greffe, trop douloureux sans endormissement…
Et pour couronner le tout (c’est le cas de le dire !), à peine commençait-il à récupérer de son état de souffrance extrême qu’on lui posa le halo crânien destiné à le mettre en extension dans un centre orthopédique pédiatrique à sa sortie de l’hôpital… le pauvre chéri a été d’un courage exemplaire et a subi ce calvaire sans broncher… Ou presque !
Je tiens à applaudir le travail remarquable du Professeur Mimoun pour cette exceptionnelle intervention, mais aussi du professeur Vialle, également présent, ainsi que des médecins et assistants qui ont participé à l’opération, et souligner la grande compétence des équipes de soins intensifs et de réanimation de l’hôpital Trousseau, leur gentillesse, leur patience, leur douceur…
A peine sorti des affres des cette première intervention, direction le centre orthopédique pédiatrique de Bullion, dans la vallée de Chevreuse, afin de mettre son rachis en extension pour le préparer à l’opération suivante, celle de la colonne vertébrale. Les débuts furent excessivement douloureux : Je vous laisse imaginer la souffrance qu’a été la sienne d’être mis en traction sur une peau qui venait d’être greffée et n’avait pas encore cicatrisé ! Un vrai cauchemar. Mais cela était nécessaire pour éviter que la ‘nouvelle’ peau ne se rétracte. En traction nuit et jour… Le pauvre enfant n’en pouvait plus, de douleur physique, et aussi psychologique : il ne voyait pas le bout de ce long calvaire… Et son pays, sa langue, ses coutumes, son père, sa tante, ses amis lui manquaient cruellement…
Voyant son désespoir, et le sentant véritablement déprimé, nous avons lancé un appel aux cambodgiens de France afin de trouver des personnes habitant en région parisienne et acceptant de venir lui rendre visite, lui apporter quelques petits plats de son pays, lui parler sa langue, le réconforter… et cela a magnifiquement réussi : grâce aux nombreux appels reçus, nous avons pu établir un planning de visites quasi quotidiennes !
Une belle solidarité qui lui a presque rendu le sourire!



Opération finale réussie ! Un nouveau corps pour une nouvelle vie !
Archun fut ensuite opéré de la colonne vertébrale, par le professeur Vialle, de l’Hôpital Trousseau, et son équipe. Une opération qui consistait à ouvrir tout le long de l’axe allant de la base du crâne au bassin, implanter des tiges métalliques et y fixer la colonne déformée en la remettant droite.



Le résultat fut spectaculaire : Tout son corps redressé, sa colonne droite, ses poumons libérés, son bassin et ses épaules réajustés, et au-delà de cela, un nouvel horizon pour lui : La certitude de vivre, respirer normalement, marcher, courir, participer enfin à tous ces jeux auxquels il ne pouvait que regarder les autres enfants jouer…
A sa sortie de l’hôpital, nous l’avons accueilli chez nous pour sa convalescence. Et une transformation psychologique radicale s’est opérée en lui : Nous avions vu arriver en France un enfant timide, renfermé sur lui-même, complexé par son infirmité, communiquant très peu, même avec d’autres cambodgiens, ne s’intéressant à rien… un enfant triste au regard terne… Mais du jour où il a pu constater le miracle opéré sur son corps, ce ne fut plus le même enfant : il se mit à parler, rire…
Chantonnant toute la journée, nous racontant toutes sortes d’histoires, passionné par toutes ces choses qu’il découvrait… il n’avait jamais posé le doigt sur un piano ou un ordinateur, ni mis les pieds dans la mer !… et il en rêvait ! Nous l’avons donc emmené contempler l’océan, les bateaux… quel bonheur de le voir gambader, sautillant sur la crêtes mousseuse des vagues qui venaient mourir sur le sable, les pieds nus dans l’eau glacée de Décembre !



Mais il fallait aussi éviter qu’il n’accumule un trop grand retard scolaire… il a donc fallu trouver des bénévoles cambodgiens qui viennent lui donner des cours à domicile. Mony, Burint, Heng, Samnang… se sont relayés auprès de lui, et je leur en suis très reconnaissante !
Le plus long fut la cicatrisation : plusieurs mois de soins journaliers, réalisés la plupart du temps à l’hôpital, car trop délicats pour être faits en-dehors du monde médical, et nécessitant un environnement de parfaite asepsie … Avec des plaies béantes et parfois purulentes qui ne se fermaient pas, ou qui se rouvraient … Et puis, petit à petit, les choses se sont améliorées… Malgré des séquelles cicatricielles importantes, les asiatiques faisant ce qu’on appelle des cicatrices chéloïdes, c’est-à-dire très grosses et boursoufflées, mais c’est un moindre mal….
Une fois ses plaies en bonne voie de cicatrisation, il fut décidé qu’il passerait Noël avec nous , et que nous le ramènerions en début d’année au Cambodge. Il était donc temps de commencer à organiser son retour… Car le but n’était pas de l’avoir sauvé, puis de le renvoyer à sa misère quotidienne…
Il n’a pas souhaité retourner dans son orphelinat, où il n’a sans doute pas été très heureux compte tenu de son infirmité. Et puis pour lui, c’est une nouvelle vie qui commençait, avec le désir bien naturel tourner la page de sa vie antérieure… En outre, nous souhaitons qu’il reçoive un enseignement de qualité : Archun est un enfant intelligent, et nous estimons qu’il a déjà tant souffert depuis son enfance, qu’il a bien mérité que nous l’aidions à se construire un avenir solide et une vie plus heureuse…
Nous avons donc établi un partenariat avec l’association Pour un sourire d’enfant, pour prendre en charge sa scolarisation dès son retour, jusqu’au lycée, et nous verrons ensuite ce qu’il convient le mieux pour lui afin de lui construire un parcours scolaire et professionnel correspondant à ses aptitud
Dernière étape : Retour au Cambodge !
Après avoir passé Noël dans notre famille, et avoir été très gâté … (je souhaite ici remercier mon mari qui m’a tant soutenue tout au long de ce projet et s’est occupé de cet enfant comme de son fils), nous eûmes enfin le feu vert des médecins pour le ramener au Cambodge, ses plaies ayant fini par cicatriser !
L’excitation était à son comble ! Archun avait hâte de partir retrouver tous ceux qui l’attendaient avec impatience pour admirer le miracle de sa transformation.
Et le jour du départ arriva enfin !






A l’aéroport, Archun commença par se faire remarquer en passant le portique de sécurité ! Il déclencha toutes les sirènes ! Il fallut expliquer aux agents suspicieux l’histoire de son appareillage, et ce n’est qu’après une inspection en règle qu’on le laissa poursuivre son voyage …
Celui-ci fut long et sans sommeil… Mais quel bonheur à l’arrivée !
Son père et sa tante Sominea (qu’il aime tendrement car elle a du remplacer un peu sa mère) étaient venus nous accueillir, le visage fendu d’un sourire allant d’une oreille à l’autre, et tout émus de contempler ce grand garçon bien droit qui leur revenait, épanouit, sûr de lui, gai, fourmillant d’histoires à raconter sur son séjour en France !
Puis le lendemain nous avons été rendre visite aux grands parents d’Archun, dans leur petite ferme perdue au fin fond de la campagne, où, les larmes au yeux, ils nous attendaient et nous avaient préparé un festin pour nous remercier ! Ce fut un moment très émouvant…
Les voisins des fermes aux alentours passaient aussi pour voir le prodige ! Parmi eux, un très vieux monsieur, de la génération d’avant l’indépendance, heureux de venir échanger avec nous quelques mots de français dont il se souvenait !
Archun retrouva également des cousins des environs, qui n’en croyaient pas leurs yeux ! Le petit handicapé plié en deux, aux allures de Quasimodo, était devenu plus grand qu’eux !
Nous avons ensuite pris rendez-vous avec PSE (Pour un Sourire d’enfant), et après avoir passé des tests de niveau, il a été décidé qu’il intégrerait une classe de rattrapage, permettant de retrouver rapidement son niveau normal. Objectif Cambodge, grâce au soutien que certains d’entre vous ont déjà proposé de nous apporter, et au soutien futur de ceux qui s’intéresseront à cette histoire, se chargera d’indemniser PSE afin d’assumer les frais afférents à sa scolarisation. Avec cette aide, le jour venu, et suivant ses capacités, nous l’aiderons à s’orienter vers des études spécialisées, afin de lui construire l’avenir qu’il mérite vraiment, après tant de souffrance et de courage !
Puis l’heure du retour sonna, et c’est avec un pincement au coeur, mais aussi une joie profonde de le laisser heureux parmi les siens, et entre de bonnes mains, que nous avons pris notre vol de retour…
Encore un immense merci à tous les protagonistes de cette belle aventure ! Nos deux professeurs-vedette bien sûr, mais aussi les particuliers, les organismes et les association, avec une mention spéciale pour la Chaîne de l’Espoir et la Fondation Princesse Grâce , sans lesquels nous n’aurions pas pu démarrer la pre-mière partie de son parcours médical
« Avant, je n’avais pas d’horizon, mon avenir n’était qu’incertitude et angoisse… je sentais petit à petit mon corps se déformer, mes souffrances augmenter, ma respiration se raréfier…qu’allait-il advenir de moi ? Ma vie n’était que honte de ma difformité et anxiété liée à cette inexorable descente aux enfers…Aujourd’hui, j’ai un avenir qui s’ouvre à moi, je n’ai plus peur, je n’ai plus honte de mon corps, je peux respirer et jouer comme les autres jeunes, et aller en classe a maintenant un sens pour moi, car avant, pourquoi étudier puisque je n’étais pas appelé à vivre ? »
Archun.